domingo, 17 de agosto de 2008

Les personnages

Antônio Maria
Compositeur, chroniqueur, journaliste, animateur d’émissions de radio et de télévision, bagarreur, bohème et grand séducteur. Par son style de vie, il est le symbole de toute une époque de la vie nocturne carioca. Il écrivit des chroniques quotidiennes dans les principaux journaux et revues de Rio pendant ces années glamour que furent les années 50, avec un thème de prédilection : la nuit à Copacabana, où gravitaient politiques, intellectuels, playboys et stars de cinéma internationales. En tant que compositeur, il participa à la création de la « samba-chanson », style musical mélancolique auquel la bossa-nova allait s’ opposer. Grand ami de Vinicius de Moraes, il fut pourtant l’un des plus grands « ennemis publics » de la bossa-nova.

Maysa
Chanteuse et compositeur, elle bénéficia d’une grande popularité grâce à ses chansons à la grande intensité dramatique, ainsi que par son mode de vie qui défiait les mœurs et coutumes propres aux années 50. Son style d’interprétation très fort est celui qui dominait les radios brésiliennes pendant la période antérieure à la bossa-nova. Maysa fut radicale dans tous les domaines, avec la carrière consacrée d’une « déesse existentialiste qui chantait la tristesse » (Jorge Mautner) ; elle se rapprocha des jeunes musiciens de la mouvance « do Sorriso e da Flor » (du sourire et de la fleur), accélérant ainsi la popularisation de la bossa-nova.

Dolores Duran
Chanteuse de la scène nocturne à Copacabana et compositeur, elle fut avec Maysa l’une des rares femmes compositeurs de l’histoire de la musique brésilienne. Elle vécut une vie très courte et mourut à 29 ans, au sommet de sa carrière. Elle chanta et interpréta les sentiments qui définissaient l’ amour dans les années 50, du point de vue féminin. Dotée d’une personnalité charismatique, elle se faisait des amis partout où elle allait. Elle avait toujours le temps d’écouter ceux qui avaient besoin de conseils sentimentaux.
Tous, gardiens de boîtes de nuit, intellectuels, policiers ou prostituées, personnages emblématiques de la nuit à Copacabana, la connaissaient comme celle qui « chantait et qui écoutait ». Antônio Maria disait que Dolores Duran était une « fausse heureuse ». Elle fut accompagnée au piano par des grands noms de la future bossa-nova, à commencer par Tom Jobim.

Grande Otelo
Célèbre acteur de comédies musicales (genre très populaire pendant les années 50 qui a contribué à faire connaître la brésilienne Carmen Miranda à Hollywood dans les années 40)
Au Brésil, Grande Otelo fut la tête d’ affiche d’un grand nombre de ces films. La structure de base était toujours la même: des scènes comiques inspirées du quotidien, un scénario naïf quelconque, et un grand nombre de numéros musicaux. Les plus grands musiciens de l’époque apparaissaient dans ces films.

Carlos Manga
Il fut l’un des réalisateurs de comédies musicales les plus connus. Manga a contribué à renouveler la comédie et la satire dans le cinéma brésilien, en y introduisant des situations tirées du quotidien et de la vie politique.

Vinicius de Moraes
Poète, diplomate et bohème de renom, il est entré dans l’histoire comme l’un des créateurs de la bossa-nova. Pour ses amis, il fut le seul poète de sa génération à mener une vraie vie de poète. Il n’était jamais dans la retenue, croyait en la volubilité de l’âme et avait une confiance inconditionnelle en l’intuition.
Selon Antonio Maria, un poète « n’écrit pas de la poésie – ou bien il est lui-même poésie, ou bien il n’ est pas poète ». Ainsi, il n’utilisait jamais le nom de Vinicius pour s’ adresser à lui, mais l’ appelait seulement « Poésie ».
Vinicius, parodiant Humphrey Bogard, disait lui-même : « Etre poète, c’ est vivre avec trois doses au-dessus de la moyenne. » Il pratiqua cette philosophie jusqu’à la dernière dose.

Tom Jobim
Tom Jobim est l’un des noms qui symbolisent le mieux la musique brésilienne de la deuxième moitié du XXème siècle. Pianiste, compositeur, chanteur, arrangeur et guitariste, il s’est beaucoup inspiré de son amour pour la nature, la mer, le vol des oiseaux… Il élabora les bases musicales de la bossa-nova et influença l’ apparition de nouveaux thèmes dans la musique. Son principal partenaire fut Vinicius de Moraes.

João Gilberto
Musicien géniale à la personnalité controversée, antisocial et enchanteur. Meme s’il est l’inventeur de la base rythmique qui introduisit la samba à la guitare et ainsi le principal mentor de la bossa-nova, il a toujours été en dehors du groupe.
Son comportement hostile aux médias a créé un culte a sa mystérieuse personnalité.

Sergio Porto (plus connu sous le nom de Stanislaw Ponte Preta)
Journaliste critique de jazz et chroniqueur, personnage doté d’une grande influence sur la vie culturelle carioca. Il fut un grand phaseur, avec Rubem Braga et Paulo Mendes Campos, autres chroniqueurs qui eux aussi contribuèrent à définir « l’âme carioca ».

Johnny Alf
Il est entré dans l’histoire en tant que pionnier mal connu de la bossa-nova. Ses quelques disques ne connurent jamais de succès commercial. A l’époque, non seulement la musique de Johnny Alf était révolutionnaire, mais les paroles de ses chansons préfiguraient elles aussi un nouveau type de sensibilité et de mode de vie. Aux concerts de Johnny Alf à la boîte de l’hôtel Plaza, à Copacabana, on pouvait voir réunis les principaux noms qui allaient créer la bossa-nova quelques années plus tard.

Ed Lincoln
Instrumentiste, compositeur et arrangeur, il commença sa carrière comme contrebassiste, avant de passer au piano puis à l’ orgue électrique. Pendant les années 50, il accompagna Dolores Duran au piano, joua également au « Drink », la boîte de nuit la plus enflammée de l’époque, et avec Luiz Eça, il forma en 1955 le « Trio Plaza », qui allait remplacer Johnny Alf sur la célèbre scène de l’hôtel du même nom. En 1955, il enregistra l’ album « Uma noite no plaza » (Une nuit au Plaza) avec le trio Plaza, mélange inédit de jazz et samba. Pendant les années 60 il allait devenir le roi des soirées dansantes, jouant de l’ orgue avec son groupe, dont le « crooner » était Orlandivo. Ensemble, ils donnèrent naissance au « sambalanço », mélange de samba, jazz et bossa-nova.

Baden Powell
Baden Powell est considéré comme l’un des plus grands guitaristes de tous les temps, et l’un des compositeurs les plus prolifiques de la musique brésilienne. Il commença à jouer à Copacabana à 15 ans, et à 18 ans il intégrait le trio de Ed Lincoln. Dans les années 50 il accompagna divers chanteurs renommés, comme Lucio Alves, Angela Maria, Silvia Telles, Maysa, Doris Monteiro et Elizete Cardoso. En 1962 il rencontra Vinicius de Moraes, avec qui il composa en 1966 « Samba da Benção » (Samba de la bénédiction), qui fait partie de la bande originale du film « Un homme et une femme » de Claude Lelouch. Cette rencontre donna naissance à des œuvres de premier plan comme les « afro-sambas ».

Luiz Eça
Il commença sa carrière dans les années 50 comme pianiste dans les bars et night-clubs de Rio de Janeiro. Malgré son jeune âge, il fréquentait assidûment les boîtes de nuit carioca, où il allait écouter des musiciens plus expérimentés comme Johnny Alf, qu’il finit par remplacer au Plaza avec le trio qu’il avait formé avec Ed Lincoln en 1955, alors qu’il n’ avait que 19 ans.
Il participa activement en tant que musicien à la « première phase » de la Bossa-Nova (1957-1962). En 1962, il forma le grand groupe d’instrumentistes du « Tamba Trio », précurseur des « pockets shows » du Beco das Garrafas (petite impasse de Copacabana, où trois minuscules boîtes de nuit formèrent le temple de la bossa-nova dans les années 60).

Elizete Cardoso
Elle fut l’une des plus grandes divas de la chanson brésilienne, mais avant cela, travailla comme ouvreuse, ouvrière dans une usine de savon, coiffeuse, et pendant un certain temps, taxi-girl (ie danseuse « à louer », au Dancing Avenida, dans le centre de Rio).
Ce fut au Dancing Avenida qu’ elle commença à chanter, devenant du même coup la principale attraction du lieu, avant d’être invitée à chanter à la radio. Elle fut l’une des plus grandes interprètes de samba-chanson. Malgré son style de chant assez classique, le disque qu’ elle enregistra en 1958, « Canção do amor demais » (Chanson du trop-amour) – paroles de Vinicius de Moraes, musique de Tom Jobim et participation de João Gilberto à la guitare – est considéré comme le premier album de bossa-nova.

Dorival Caymmi
Compositeur et chanteur de Bahia, inspiré de sa terre natale et fondamentalement des forces de la nature, ses chansons ressemblent à des operas. Avec une narrative très imagée, ses musique forment les paroles anticipant la poésie concrète des années 50. "Eviter les pensées négatives" fait partie de sa philosophie. Ses musiques chantent la vie et la mort, comme dans les tragédies grecques, avec éloquence et douleur, mais la souffrance est exprimée naturellement, comme faisant partie du cycle de la vie. Caymmi a habité Copacabana la plus grande partie de sa vie et a vécu la bohème carioca des années 50. Sa philosophie et ses compositions ainsi que sa révérence à la mer ont beaucoup influencé la bossa-nova.